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Kill Bill Volume 1

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les avis de Cinemasie

13 critiques: 3.06/5

vos avis

79 critiques: 3.54/5



Xavier Chanoine 5 Tarantino recycle tout sauf le papier et le verre. Merci quand même!
VincentP 2.75 Tarentino pourfend ses idoles.
Sonatine 3 Film hommage (encore une fois)
Sid 0.25 Tarantino Photocopieur couleur ?
Ordell Robbie 4.5 Mélanges explosifs
Marc G. 0.5 Film best of indigeste
Junta 4.5 Un film hommage/parodie énorme à consommer sans modération !!!
jeffy 2.5 Bon ou mauvais ? Peut-être les deux à la fois!
Ghost Dog 3 Recyclage mode d’emploi
El Topo 4.5
drélium 3.5 kung fu ? chambara ? wu xia ? western spaghetti ? blaxploitation ? Non, Taranti...
Astec 2.75 Canadadry ?
==^..^== 3 Un Tarantino qui fait très mal...
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Tarantino recycle tout sauf le papier et le verre. Merci quand même!

"Dans ce film les femmes ne sont pas le sexe faible. Elles ont les mêmes instincts prédateurs que les hommes, la même passion de la chasse, le même désir de tuer ou de se faire tuer » confiait Quentin Tarantino à propos de Kill Bill vol.1

A vrai dire, le mot « tuer » prend ici toute son importance, puisque le scénario de Kill Bill ne se résume qu’à cela. L’histoire d’une jeune femme dont tout le bonheur se consuma le jour de son mariage à cause d’une poignée de mercenaire, les « vipères assassines ». Pourquoi ces tueurs professionnels ont-ils essayé de mettre fin aux jours de leur ancien compagnon ? Dans quel but ? Nous l’apprendrons par la suite même si les raisons semblent bien maigres.

Cinquième film de Quentin Tarantino, celui-ci nous livre un joli feu d’artifices. Terriblement riche et coloré, son métrage tient du chef d’œuvre, d’une œuvre d’art. D’une part, Quentin Tarantino ose. Il ose marier les styles pour les magnifier. L’introduction, d’une violence brute témoigne de ses ambitions : montrer au spectateur tout l’art du mot « vengeance ». Ici, Black Mamba (Uma Thurman) n’a plus de raison de vivre puisque celle-ci n’a plus de famille depuis longtemps, a perdu son cher et tendre, tout comme sa fille. Son véritable désir est de tuer, ou de se faire tuer comme le soulignait Quentin Tarantino. Peu importe le résultat, « les vipères assassines » doivent mourir pour ce qu’ils ont fait. Vous me direz, quel intérêt de nous servir un énième métrage basé sur la vengeance ? L’intérêt réel de Kill Bill réside bien plus que dans sa succession de scènes d’action, certes extrêmement bien réalisées.

Quentin Tarantino s’est inspiré de ses films préférés, à savoir les wu xia pan à la Chang Cheh, les western italiens à la Leone, Corbucci et Valerii. L’ensemble demeure néanmoins incroyablement cohérent. Marier ces styles différents n’est pas donné à tout le monde et pourtant cela marche à merveille. Pour seuls exemples, les scènes de combat sont superbement bien fichues à la manière des films de la Shaw Brothers, appuyées par l’expérience des maîtres du genre : Sonny Chiba et Yuen Woo-Ping. On aura alors droit à un premier combat barbare et ravageur entre Black Mamba et Vernita Green, à une véritable boucherie gore des Crazie’s 88 et à un duel final absolument somptueux sous une neige éclatante S’en suit le clou du spectacle, le « fameux » passage animé ultra violent relatant l’enfance d’O-Ren Ishii écrit par Tarantino et réalisé par le très célèbre studio d’animation japonais Production I.G. (Jin-Roh), sous une musique de western spaghetti (il fallait oser). Unique et touchant, cet animé d’une dizaine de minutes reste d’ailleurs en parfaite adéquation avec les images « réalistes » de Kill Bill car c’est simplement cela qui fait la force de ce métrage : la cohérence et la parfaite justesse de ce mélange de style et de couleurs. Ce passage reste incroyable.

Mais un bon « Tarantino » sans bonnes musiques n’existe pas ! Et ce Kill Bill ne déroge pas à la règle. La bande son traverse les époques et les pays. De Luis Bacalov à Fabio Frizzi, en passant par Zamfir (et son sublime morceau à la flûte de pan) à Santa Esmeralda, on peut dire que Tarantino continue à « oser ». Et il le fait bien puisque le son et l’image ne font qu’un. Au final, cet émerveillement de tous les instants séduira ou rebutera plus d’un spectateur pour son style osé et courageux ou par sa violence très prononcée donnant une image d'opéra barbare fantastique et old school. En tout cas, le rythme effréné, la mise en scène léchée et la parfaite justesse des acteur mettront tout le monde d’accord: Kill Bill vol.1, c’est quelque chose qui ne s’oublie pas de si tôt. La suite au prochain épisode.



27 février 2006
par Xavier Chanoine




Film hommage (encore une fois)

Come and get me motherfucker !Tarantino commence à en gonfler plus d'un avec ses films patchworks qui, selon beaucoup, n'apporte rien au noble septième art et profite par la même occasion de la naiveté du grand public non-cinéphile. Certes, ces gens la ont raison bien que leurs arguments peuvent paraître risible. Si on devait résumer Kill Bill, on dirait que c'est un Pulp Fiction à Tokyo avec des sabres, pas terrible comme description, mais c'est à peu prés ça. On retrouve l'humour décalé, les dialogues basés sur des vannes, la violence démesurée plein de second degrés, et bien sur ce qui constitue la base même des réussites des films de Tarantino à savoir les nombreuses références au cinéma de genre.

Aprés une exploration du cinéma black des 70's avec Jackie Brown, ici il s'attaque au cinéma asiatique, plus particulièrement le Wu Xian Pian et le Chambara. Bien evidemment on retrouvera en plus l'univers visuel propre au cinéma de tanrantino influencé par la mode sixties seventies (il suffit d'écouter la bo pour s'en appercevoir).

Mais on est droit de se poser la question suivante, Mr.Tarantino va t-il continuer à faire son chemin bien longtemps avec la même éternelle recette ? Peu importe, de toute évidence, c'est un cinéma plaît et qui a tout pour plaire, cinéphile ou non-cinéphile. On va pas faire les fines bouches et on va gentiment regarder ce ballet de têtes décapitées et de bras tranchés ...

P.s : Tarantino est définivement un fétichiste des pieds de femmes, personne dira le contraire ...



27 novembre 2003
par Sonatine




Tarantino Photocopieur couleur ?

Je suis allé voir le film le jour de sa sortie. Rien qu'à voir la bande annonce, ça sentait méchamment le ridicule. Les prestations martiales de Uma Thurman sont pitoyables (meme yuen woo ping n'arrive pas à relever le niveau). Lucy liu n'est guère plus convaincante. On n'aurait préféré quelqu'un de plus authentique comme Michelle Yeoh. La musique, un titre percutant (repris dans téléfoot c'est dire ;), le générique du frelon vert et puis c'est tout. RZA a été sous employé semble t il (son travail sur la bo de ghost dog était fabuleux, je recommande le film et sa bo). La narration du film habituelle en flash back, ça commence a être un peu répétitif, on a le droit à ça dans tous les tarantino. Si on fait le bilan sur ce réalisateur, dérrière le prétexte d'"hommage" au cinéma, ce n'est qu'un nouveau model de photocopieur, aucune originalité. J'ai mis 0.25 pour le logo Shaw Brothers et la présence de sonny chiba et gordon liu, et encore, c'est bien cher payé. Bref, passez votre chemin et regarder plutot ghost dog et Zatoichi de Takeshi Kitano, un vrai film de sabre.

12 octobre 2005
par Sid




Mélanges explosifs

Quentin Tarantino revient après une longue absence avec un film situé dans l'univers de Tueurs Nés et Une Nuit en Enfer (i.e. les films que vont voir les personnages de Reservoir Dogs et Pulp Fiction quand ils vont au cinéma) qui, s'il est un projet réussi d'étonnement permanent du spectateur, le fait ressembler à un grand cycliste qui aurait quelques petites baisses de régime inhabituelles à l'approche de la ligne d'arrivée mais garderait son maillot jaune parce que le reste du peloton est encore loin derrière.

Tarantino fait chaque film contre le précédent et Kill Bill Volume 1 ne déroge pas à la règle : Jackie Brown opposait sa lenteur et sa densité romanesque au rythme souvent trépidant de Pulp Fiction (qui avait aussi ses moments calmes, ses respirations hérités du cinéma américain classique), là c’est de l’action pure après un film qui parlait plus qu’il ne tuait à l’écran et en apparence une superficialité assumée et revendiquée. Néanmoins, Tarantino ne passe pas pour pertes et profits les acquis formels de ses deux films précédents en offrant des instants plus calmes, plus contemplatifs –tout le passage avec Hattori Hanzo par exemple- afin d’offrir des respirations suite à des passages chargés d'adrénaline et d'intensité. On peut contester la direction prise -et les critiques contre Jackie Brown étaient déjà des critiques sur le choix d'une lenteur apaisée et non sur sa pertinence ce qui poussait QT à dire que ceux qui trouvaient le film trop long devraient plutôt ralentir; d'ailleurs le cinéma de Tarantino a toujours été un cinéma assez lent, c'est son coté jouissif qui donnait à pas mal de monde la fausse impression qu'il allait à cent à l'heure- mais reste que le film est accompli dans sa direction. Le problème n'est alors pas tant le film en lui-même que le fait de le juger par rapport à une attente (il fut reproché à Jackie Brown de ne pas être un Pulp Fiction bis, là on reproche à Kill Bill Volume 1 de ne pas être Casino parce que la longue absence du cinéaste faisait rêver certains fans à une fresque scorcésienne sauce soja) et non par rapport à ce qu'il est vraiment. Mais c'est le genre de choses avec lesquelles QT joue et s'amuse. Du coup, là où on pourrait a priori reprocher au film un rapport double au cinéma asiatique -alternance révérence/parodie dans le film qui le rendrait incohérent, le deuxième aspect ayant fait bondir pas mal d'amateurs de longue date de cinéma asiatique (Kassovitz, Gans...) qui y voient la profanation par un des leurs de films auxquels ils ont construit un rapport quasi-intime par les multiples revisionnages vidéo- il s'agit en fait pour Tarantino de contrer dans chaque scène l'attente suscitée par la scène précédente, de faire un film basé sur des ruptures de ton permanentes comme le sont certains classiques du muet. SPOILER MAJEUR Par exemple, le film commence par un face à face martial sec et violent désamorcé par l'arrivée de la petite fille. Là, le film semble déboucher sur une discussion entre the Bride et Vernita qui fait croire que l'on va se retrouver face à une de ces fameuses longues tchatches dont QT a le secret et que the Bride ne réalisera pas sa vengeance. Mais de nouveau le film débouche sur une explosion de la vengeance de the Bride. Ou encore le fait d'enchaîner le passage de la rencontre avec Hattori Hanzo à Okinawa au ton classique et épuré avec le long passage au gore et au grotesque assumés de the House of Blue Leaves. FIN SPOILER MAJEUR Ce choix est hautement casse gueule, le film ne tient qu'à un fil mais Tarantino maintient ce fil-là jusqu'au bout. Ici, le récit est certes archiprévisible dans son issue mais la tension se retrouve alors déplacée sur l'effet de surprise des péripéties de the Bride et de la scène suivante, faisant du film de ce point de vue un digne héritier des sérials et de la littérature feuilletonesque. Et si le film n’est pas un vrai film-hommage (QT emploie cette expression à tort et à travers pour qualifier son oeuvre: Pulp Fiction n'a de Godard que la coupe d'Uma Thurman, Jackie Brown n'a de la blaxploitation que Pam Grier; là encore c'est du Tarantino faisant sa petite cuisine perso à partir du cinéma asiatique), il retrouve de cette façon la capacité du cinéma de Hong Kong à mélanger les genres, mélange qui se fait avec succès chez Tarantino non seulement d’une scène à l’autre –ambiances kung fu, film de sabre, western spaghetti- mais parfois à l’intérieur d’une même scène comme le montre bien la scène de l’hôpital que Tarantino ouvre en forme de pastiche Depalmien et conclut dans une ambiance giallo tout en ayant ajouté ça et là des éléments comiques. Le fait que cette diversité ne débouche pas sur un désordre sans nom à la Gans est en outre rendue possible par un scénario voyageur la justifiant pleinement et par une mise en scène exploitant avec virtuosité les liens esthétiques entre les cinématographies dont le film s'inspire. Quant aux dialogues, certains y verront la grosse déception du film. Tarantino dit en effet qu’il a délibérément choisi de ne pas mettre ses tchatches habituelles dans le Volume 1. On ne retrouve plus que par moments le sens de la formule du cinéaste -dans les parties en japonais surtout-. Du coup, certains fans diront que le film apporte de l’eau dans le moulin d’un Roger Avary qui revendiquait la paternité des dialogues cultes de Reservoir Dogs et Pulp Fiction, paternité déniée par Tarantino. Mais l'effacement des dialogues, outre qu'il participe de la volonté du cinéaste d'aller contre l'attente du public en jetant par dessus bord un de ses plus fameux effets de signature, peut se comprendre par un désir du cinéaste de se concentrer sur la dimension d'expérience visuelle de son oeuvre et trop de dialogues tarantiniens à l'ancienne auraient distrait le spectateur de cet aspect-là. Les dialogues ne sont pas flamboyants mais leur premier degré revendiqué descend en droite ligne du cinéma d'exploitation qui a bercé l'enfance du cinéaste.

Si ce Volume 1 a quelques petits défauts faisant un poil tache par rapport aux précédents QT il atteint amplement son objectif côté divertissement pur. Tarantino voulait faire un film jouissif et ce Volume 1 est très jouissif. Kill Bill Volume 1, c’est le film d’un cinéaste qui ne garde des cinémas hk et nippons que ce qu’ils ont de plus cliché et caricatural : l’ultraviolence de certains mangas, les combattants qui arrivent en criant, les kilomètres de sang de la série des Babycart, le cinéma de Chang Cheh dans ce qu’il a de plus bis. A une époque où le cinéma de genre asiatique est enfin reconnu par les cinéphiles comme d'un apport décisif à l'histoire récente du cinéma, on pourrait s'offusquer du fait que Tarantino reprenne des clichés qui ont longtemps disqualifié ce cinéma aux yeux des "critiques sérieux". Sauf que si l'on ne peut réduire les cinémas de Misumi, Fujita Toshiya, Chang Cheh entre autres à cet aspect-là, ce sont aussi ces clichés si décriés qui participent de la dimension jouissive de tout un pan bis du cinéma -la violence tellement exagérée qu'elle peut en devenir comique ou encore la dimension érotique que peut revetir un combat à l'arme blanche-. Et avec son scénario de pur cinéma d’exploitation, son désir de se situer dans un monde complètement artificiel –celui des films favoris des héros de ses deux premiers films- afin de pouvoir tout se permettre au niveau violence en la déréalisant–notamment sur les enfants; en déréalisant, il crée une distance du spectateur vis à vis de la violence qui n'est pas irresponsable comme chez les cinéastes qui utilisent le choc visuel de la violence réaliste pour manipuler le spectateur; qui plus est, the Bride se retrouve toujours face à la question des conséquences de sa violence (cf le face à face avec la fille de Vernita) donc à des dilemmes entre vengeance et morale; après l'avoir diverti à coup de geysers de de sang, Tarantino met par la meme occasion aussi le spectateur diverti par ce qu'il a vu face à ses responsabilités morales; pour toutes ces raisons-là, Tarantino ne déchoit jamais de ce qu'on attend de tout cinéaste, à savoir avoir une morale d'artiste, chose bien différente d'avoir une vision du monde morale, ce tout dernier point étant une chose dont on se contrefiche en art-. Kill Bill Volume 1 assume pleinement son statut de film bis surbudgétisé. C’est ce qui fait du film une énorme bouffée d'air frais par rapport à la prétention réelle de beaucoup de blockbusters actuels qui se prennent pour ce qu'ils ne sont pas. L'autre élément agréable de ce choix en apparence du fun assumé, c'est de savoir qu'un tel film a été réalisé par un cinéaste primé à Cannes et à Berlin: à tout un cinéma festivalier actuel qui masque son vide à coup de pose artiste et exhibant ses tics de mise en scène comme autant de laisser passer pour montrer patte blanche aux sélectionneurs de festivals, Tarantino oppose son refus affiché de toute ambition artistique ou romanesque au sens conventionnel tout en offrant son oeuvre la plus risquée et ambitieuse à ce jour (tenter de se réapproprier la totalité d’une période –les seventies coté bis- de l’histoire du cinéma et non plus un seul genre, offrir une réponse saignante aux sérials des débuts du muet). Pour revenir à cet aspect décrié par les amateurs de cinéma asiatique, une autre raison justifiant le fait de supprimer la dimension politique des films auxquels il rend hommage, c'est que celle-çi était très liée aux années 70 -ce n'est par exemple pas un hasard si l'ère Edo apparait dans beaucoup de films japonais de cette période, le fait que ce soit une époque de chaos moral parmettait d'évoquer en filigrane la situation du Japon des années 70-, la reprendre en 2004 serait un anachronisme alors que les audaces visuelles de ces films-là (reprises et réutilisées différemment) sont elles toujours pertinentes par rapport à notre époque. En bon postmoderne, QT ne fait pas un film d'exploitation seventies en 2004 mais un film revistant le cinéma d'exploitation seventies avec un regard de 2004.

Etant une sorte de récapitulatif de la cinéphilie tarantinienne dans son versant le plus bis, ce film est le plus personnel d’un cinéphage qui a parcouru le cinéma des lettres A à Z en étant capable de dire qu'il préfère une série Z de Ho Meng Hua ou de Jimmy Wang Yu aux films de Ford, Hitchcock ou Huston simplement parce meme s'il a conscience de leur médiocrité cinématographique les premiers ont plus satisfait son plaisir de spectateur. Etonnant parce qu’on a tendance à considérer le film le plus personnel d’un cinéaste comme un film d’une grande densité romanesque (les seules profondeurs ici, c'est celle des émotions des personnages et du rapport de Tarantino au cinéma, ce dernier permettant au film comme on le verra plus loin de dépasser le simple exercice de style pour atteindre la dimension de grand film sur le cinéma). Mais il vérifie néanmoins meme si dans des proportions bien moins graves que chez d'autres cinéastes la loi selon laquelle le film le plus personnel d’un cinéaste n’est que rarement son chef d’œuvre (cf Woo, Scorcese). Un film ressemble à son auteur : mégalo -"the 4th film by Quentin Tarantino" en générique d'ouverture-, arrogant mais presque toujours captivant, une œuvre qui compte d’un cinéaste qui compte. On retrouve en plus ici l'élément le plus controversé chez le cinéaste, son goût du recyclage (qui réutilise le déjà vu d'une manière différente ou dans un contexte différent, affirme la personnalité du cinéaste dans la manière de reprendre donc est novateur contrairement à l'imitation; en cela, il ne diffère pas du Woo période HK ou de Patrick Yau -voire de Gus Van Sant qui reprend tels quels des dispositifs narratifs et formels vus chez Béla Tarr, pas pour rien non plus que QT adore son Psycho- et de leurs wagons de reprises/réappropriations du déjà vu ailleurs): c'est vrai que Tarantino reprend parfois tels quels des éléments déjà vus ailleurs (il ne le nie pas du reste; toute le film fonctionne selon le principe de croisement, croisement d'idées narratives, de mise en scène, de scores musicaux piochés dans la vidéothèque/discothèque tarantinienne offrant des mélanges souvent explosifs -dans le passage anime le croisement de l'idée de suivre à la Tsui Hark la trajectoire d'une balle avec la violence graphique de tout un pan de l'anime, la partie bleutée du combat au sabre croisant la photographie bleutée du combat final de La vie d'un tatoué au graphisme du face à face de l'affiche de Samourai Fiction entre autres-) mais un peu comme quand les Stones et Led Zeppelin réutilisaient in extenso dans leurs morceaux certains plans de guitare des grands bluesmen, le résultat demeure personnel parce qu'il a le style Tarantino : Tarantino intègre sa signature -chapitrage de roman pulp, manière très particulière de déconstruire le temps pour jouer sur l'attente du spectateur, flash backs explicatifs- à un récit de vengeance qui, s’il n’est pas comme le dit Hattori Hanzo en ligne droite temporellement, se ressent comme tel narrativement. On pourrait trouver le jeu tarantinien sur le temps gratuit ici mais il ne l'est jamais -flash backs expliquant les origines des personnages, SPOILER souvenir de la découverte du corps de the Bride, volonté de tuer tout suspense en annonçant la mort d'un adversaire avant pour concentrer le spectateur sur la péripétie, la séquence au Japon qui est chronologiquement au début mais est placée à la fin parce qu'elle est le lieu où la rage de the Bride explose pour la première fois FIN SPOILER-. On retrouve aussi certains effets de signature visuels (les plans vus de l'intérieur d'un coffre, les costards des Crazy 88), ses choix musicaux judicieux (l'usage de Santa Esmeralda apportant une touche décalée au combat final, le thème du teaser qui fait toujours autant d'effet...), la capacité du cinéaste à bien utiliser des acteurs au registre limité (parce que le style glacé et monoexpressif d’une Lucy Liu qui fait du Lucy Liu correspond bien à son personnage de tueuse glacée en descente de Lady Snowblood) et une exagération assumée du film niveau violence et vulgarité contrecarre en outre le risque de tableau filmé, de belle image pour la belle image, en particulier dans la partie japonaise aux décors et aux cadrages à la beauté picturale faisant encourir fortement ce risque au film. Plus que les grands du rock, cette capacité à imposer sa personnalité dans la reprise fait que plus que le Von Sternberg movie évoqué en interview ce Volume 1 serait le premier De Palma movie de Tarantino, le film d'un cinéaste tellement traumatisé par le Bis sous toutes ses formes qu'il n'arrive pas à filmer autre chose que ces scènes profondément ancrées dans sa mémoire; comme son cinéaste fétiche, il parvient à retrouver la dimension érotique de la violence présente dans ses films de chevet (Hitchcock/Chang Cheh même combat?), dimension visiblement affichée dans le flash back sur Go Go Yubari. Mais surtout le film confirme l'attention de plus en plus grande accordée par QT aux personnages féminins. Kill Bill Volume 1 est un film d’exploitation, que qui dit film d’exploitation dit revanche et qui dit revanche dit revanche de femme. Après les avoir reléguées aux rôles de figuration (Reservoir Dogs), aux personnages clichés (Pulp Fiction malgré une Mia Wallace qui un peu comme les héroines hawksiennes sait imposer aux hommes ses volontés derrière une apparence soumise), Tarantino avait fait avec Jackie Brown un caper movie qui relevait aussi du film de femmes, genre très en vogue durant l’âge d’or hollywoodien. De façon diamétralement opposée, Kill Bill Volume 1 confirme cette tendance en multipliant des personnages féminins tous investis de rage, pas développés psychologiquement mais à la force de caractère indéniable. Le seul vrai sujet de Kill Bill Volume 1 c'est finalement Tarantino. Kill Bill Volume 1, c'est le film où il forge avec la puissance des grands ensembles romanesques un univers qui n'est (presque) que cinéma (un interrupteur, une porte permettent d'y passer d'un film à un autre; Tarantino ne filme pas Tokyo, il filme le Toho Tokyo), le film de celui qui a toujours préfèré le celluloid au monde réel: le seul personnage qui ne soit pas iconisé, qui agisse selon des principes humains et non pas seulement selon des principes de cinéma (vengeance, subordination...) c'est The Bride parce que de par sa position dans le récit (position classique dans les romans du 18ème/19ème siècle du personnage (re)"découvrant" un univers; c'est le genre de choses auxquelles un Tarantino écrivain avant d'etre cinéaste -ses scénarios sont écrits comme des romans- a du penser) elle joue le role de guide du spectateur à travers cet univers de pur cinéma, lui permettant de se raccrocher à des choses qu'il connait (la rage, la perte d'un etre cher, l'émerveillement... les sentiments humains en somme), elle est cette boussole à laquelle on s'accroche pour éviter de se perdre dans cet univers déconcertant et sans laquelle le film demeurerait au stade des intentions théoriques. L'air midinette de the Bride devant les sabres d'Hattori Hanzo, c'est d'ailleurs Quentin enfant découvrant émerveillé le chambara et en faisant un de ses échappatoires au réel, the Bride c'est Tarantino qui revient de plusieurs années d'hibernation artistique/coma pour tuer une bonne fois pour toutes les fantômes de ses héroines fétiches et enterrer par la même occasion dans un vacarme tonitruant ce qui reste des genres cinématographiques qui ont construit son cinéma (blaxploitation, chambara ici, sexploitation, western spaghetti, kung fu ensuite probablement). Tarantino met le feu (d'artifice) à ses films fétiches pour les enterrer mais aussi par amour. La déclaration est excessive, fétichiste comme le sont les multiples plans de pied du film, parfois maladroite -le duel final-, meurtrière mais touchante d'absolu et de romantisme pour ces raisons-là. En tout cas pour ceux qui comme moi ont aimé et aiment toujours à l'exçès le cinéma en le préférant parfois au réel au point d'avoir déjà rêvé rentrer à l'intérieur du grand écran pour vivre "dans" le cinéma.

Sauf que aussi impressionnante qu'elle soit à une échelle américaine la copie -sans jeu de mots mal placé- n'est pas parfaite. Le passage en noir et blanc utilisé pour tromper la censure US et anglaise et faire passer la violence du combat final -gore à une échelle us grand public, rien qui ne risquerait de surprendre les fans des sources d'inspiration du cinéaste, une astuce classique cf Evil Dead- par exemple qui gache le combat contre les Crazy 88. D’où l’intérêt de revoir le film dans sa version pour le marché japonais où ce passage gagne en intensité avec la couleur et devient vraiment un climax épique. Si le fait que Yuen Woo Ping n’ait été que conseiller martial et non pas chorégraphe se ressent, Tarantino réussit à compenser cela avec succès par l’usage des cables dans le final ou par un montage haché très inventif. Le montage du premier combat contre Vernita Green est certes rapide mais sa frénésie et ses cadrages serrés portent la rage des opposantes, rage soulignée par les cadrages rapprochés. Sauf que si le film demeure soufflant pendant les deux tiers du passage the House of Blue Leaves (comportant quelques mouvements de caméras à la virtuosité aérienne) le face à face final comporte des maladresses mineures mais un peu frustrantes au regard du perfectionnisme habituel du cinéaste. Petite revue en détails. Derrière une impression d'absence de psychologie, l'émotion des combats provient de la façon dont the Bride réagit par les regards et les poses qu'elle prend à ces personnages de pur cinéma, la lenteur du montage du combat contre Go Go Yubari passe très bien au revisionnage en aboutissant à une tension westernienne, le combat contre les Crazy 88 comporte des idées de mise en scène fortes –le plan des visages de combattants se reflétant sur le sabre, l'arrivée des Crazy 88 avec l'alternance plans des tueurs arrivant de tout côtés/plan léoniens sur le regard pour exprimer le sang froid de the Bride face à cette déferlante entre autres-, le jeu d'Uma Thurman (extraordinaire dans la rage ou dans un registre dramatique comme dans des jeux de regards nuancés, l'émotion du film passe d'ailleurs beaucoup par le regard des actrices, en un sens c'est un film muet) surligne la dimension érotique qui sous-tend les derniers combats (Tarantino filme un meurtre comme une scène érotique, c'est ce qui rend son film si jouissif; les cadrages de près -façon décriée de filmer les combats provenant de Lady Snowblood comme le "saut" au ralenti de the Bride- participent d'ailleurs de la tension érotique entre la caméra et les actrices tarantiniennes, chose classique chez le cinéaste -cf l'ouverture de Jackie Brown-), les ruptures de ton par l'humour fonctionnent bien sans casser l'intensité de la scène, intensité plus amoindrie par le noir et blanc de la version us; rayon montage, ses moments de frénésie et la non visibilité des coups portés afin de compenser les capacités physiques des actrices fonctionnent parce que comme chez Fujita Toshiya la caméra colle au plus près du corps des actrices comme si elles étaient le seul centre du combat donnant une impression claustrophobique qui compense la perte de visibilité. Jusque là, Tarantino réussit à faire date dans le cinéma d'action américain. Par contre, si la partie "attentiste" et théatralisée du face à face final est réussie, si le parti pris d'illisibilité des coup portés et de cadrages rapprochés fonctionne toujours avec des objectifs identiques aux précédents, les éléments de rupture de ton plaisants -le morceau de Santa Esmeralda- ou lourdingues -le scalp- finissent par casser la tension de la scène parce que dans cette ambiance apaisée bienvenue après le combat précédent elles semblent forcées, pas naturelles. Heureusement que les dernières minutes/cliffhanger redressent la barre permettant de finir les choses sur une note plus positive. On pourrait aussi reprocher à QT de ne pas prendre une Asiatique en premier rôle mais le fait que the Bride soit une création d'Uma Thurman légitime ce choix (surtout que c'est sa prestation qui évite au film de sombrer dans le théorique froid), de cantonner aux seconds rôles dans le film les acteurs asiatiques mais leur présence aussi brève que marquante leur donne une puissance comparable à the Bride. Kuriyama Chiaki, Gordon Liu en sabreur et surtout Sonny Chiba à contre emploi délivrent de grandes prestations. La coupure en deux ne se justifie-t-elle? Non, parce que les près de deux heures passent avec la légèreté d'une bulle de champagne. Oui d'un strict point de vue cinématographique du fait d'une construction plus élaborée qu'en apparence et tenant debout en l'état et parce que le film tient très bien tout seul en tant que sommet de cinéma pop euphorisant. L'idéal aurait été de mettre une entracte entre les deux volumes mais c'est une solution non viable commercialement en 2003.

Après un Jackie Brown dont l'accueil/retour de bâton par la critique et les fans américains l'avait beaucoup blessé, QT a sans doute voulu revenir au centre de la hype en frappant un grand coup après une longue eclipse; même si le film n'a pas tenu au box office sur la durée (pas nécessairement un mal: cela évitera que l'idée de couper en deux fasse école), cela a fonctionné aux USA où la majorité des critiques et des fans sont revenus au bercail. Même si cette volonté atteint un peu ses limites sur la fin. Reste que Tarantino a réussi avec les honneurs la première partie de son retour: prouver qu'il peut toujours étonner et qu'il demeure un cinéaste qui compte. En attendant un Volume 2 qui n'aura pas la tache facile au vu de ses objectifs: développer les liens Bill/the Bride -le travail est encore à faire- tout en montrant la poursuite de la vengeance, ajouter les dimensions kung fu et western au récit, vouloir etre plus proche du Tarantino traditionnel -plus tchatcheur donc- tout en maintenant l'intensité et la dimension jouissive niveau action de ce Volume 1, faire tenir d'aplomb tout cela par le montage alors que QT revient de son marathon promotionnel et a donc un temps court à y consacrer. Pas gagné d'avance mais on verra si le challenge est relevé en 2004... en savourant en attendant ce Volume 1 qui n'a pas à rougir malgré de petits défauts de la comparaison avec les précédents films du cinéaste.



27 novembre 2003
par Ordell Robbie




Bon ou mauvais ? Peut-être les deux à la fois!

Tarentino restera toujours Tarentino. A la sauce orientale, un peu plus japonaise que HK, ça donne KillBill vol1. Impossible pour moi de prendre ce film au sérieux, Tarentino est tellement vautré dans ses citations que l'histoire en prend un coup. Suite de scènes hommages ou clin d'oeil mises bout à bout pour un résultat totalement décousu même si elles restent parfois jouissives prises individuellement. Le vrai génie serait de de faire recollé tout ça dans le volume2, mais vu comme c'est parti, j'ai comme un doute...

20 décembre 2003
par jeffy




Recyclage mode d’emploi

Certains l’ont très bien dit, il est sacrément difficile de critiquer la moitié d’un film. A la fin de Kill Bill Vol.1, on a beau être convaincu d’avoir passé un bon moment, on ne peut s’empêcher de se dire « bon bah, on verra bien dans 4 mois si vraiment c’était un bon film », et mine de rien, c’est une petite révolution. Désolé de revenir sur le débat qui a enflammé les cinéphiles, à savoir s’il était judicieux de faire un seul film de 3H30 ou 2 films de 1H50, mais c’est suffisamment important pour être traité : c’est en effet dans l’air du temps de scinder les films en plusieurs parties. Si on le comprend dans le cas du Seigneur des anneaux ou de Star Wars, 2 sagas qui ne pouvaient décemment pas durer 8 ou 10 heures d’affilée, on le comprend déjà moins pour Matrix 2 et 3, et plus du tout lorsque TF1 décide d’étaler la Liste de Schindler sur 2 soirées. Pour moi, Kill Bill se rapproche du 3ème exemple, car c’est la première fois à ma connaissance qu’un film au scénario aussi inconsistant fait l’objet d’un pareil traitement, me rappelant ainsi le raisonnement actuel des compagnies de téléphone portables : puisque tout le monde a un portable, ne cherchons plus à en vendre, mais plutôt à augmenter le budget des consommateurs en rajoutant des fonctionnalités tape-à-l’œil comme l’Internet, les jeux, l’appareil-photo, et bientôt la vidéo, le GPS et la télévision. Kill Bill me fait un peu cet effet, c’est-à-dire dépenser 2 places de cinéma pour voir un seul et même film, qui aurait très bien pu ne faire qu’un. Personnellement, je n’aurais pas du tout été gêné par une œuvre de 3H30, car on se régale, le temps passe très vite et, qui plus est, les spectateurs avaient déjà suivi Tarantino dans ces 2 dernières œuvres pourtant proches de 3H. Consciemment ou pas, ce dernier vient de créer un électrochoc dans le Septième Art, dont je crains les conséquences les plus fâcheuses car le filon est trop tentant : pour les exploitants pouvant difficilement augmenter davantage le prix des places et les éditeurs DVD, c’est du pain béni…

Et dire que c’est Tarantino, ce soit-disant amoureux du cinéma, qui ait osé faire ça ! Rien que d’y penser, j’ai du mal à faire une analyse objective du Volume 1…

Reconnaissons quand même qu’il a une nouvelle fois réussi à imposer des actrices au rang d’icônes grâce à des personnages hauts en couleurs. Si on assiste sans grande surprise au nouvel avènement de Uma Thurman qui prouve, si besoin en était, qu’elle peut jouer sur tous les registres avec une facilité déconcertante, on est par contre absolument bluffés par la prestation de Lucy Liu qui trouve de loin son meilleur rôle au cinéma, elle dont l’image des navrants Charlie’s Angels lui collait à la peau. Avec Kill Bill, elle s’offre une somptueuse « renaissance », à la manière de Dacascos dans Crying Freeman. Ses beaux yeux bridés et ses tâches de rousseur filmés en gros plan, sa perversion et sa cruauté dissimulées derrière un visage d’ange en font le plus beau personnage du film ; il faut la voir diriger son clan de yakusa avec une poigne de fer, et marcher à petits pas sur la table avant de trancher la tête d’un rebelle malpoli !

Reconnaissons aussi que Tarantino est un recycleur de génie. Vibrant hommage aux chambaras des années 70, son Kill Bill est bourré de scènes d’action impressionnantes et bien chorégraphiées, mais aussi de seconds rôles savoureux, comme Sonny Chiba ou l’interprète franco-japonaise. Cependant, on atteint parfois les limites du style que ce jeune réalisateur a tenté d’imposer :
- La narration tout d’abord : si sa déstructuration avait enthousiasmé le public de Pulp Fiction par son originalité, bluffé le public de Jackie Brown par sa maîtrise spatio-temporelle, il constitue au mieux dans Kill Bill V1 un habile camouflage d’un scénario bien maigre, basée sur une vengeance intime qui a placé 5 noms sur une liste noire. Le choix de déconstruction du récit était donc une condition sine qua non de l’intérêt du film, sans lequel on se serait ennuyé ferme.
- L’humour noir : parfois efficace (le massacre final dans l’auberge japonaise), il sait aussi être « subtil comme un tank » lors du viol de Black Mamba dans son coma, et la révolte qui s’ensuit.
- Le style visuel : la scène d’action en Noir et Blanc puis celle se déroulant dans une teinte bleutée sont 2 choix artistiques qui ne servent à rien, si ce n’est alimenter l’aspect tape-à-l’œil de l’œuvre.
- La musique, enfin : si elle est globalement bien utilisée, elle constitue parfois une faute de goût flagrante. Dans la confrontation finale entre Lucy et Uma au beau milieu d’un jardin japonais sous la neige, la présentation de Lucy est accompagnée d’un morceau très seventies dénaturant complètement l’atmosphère contemplative qui avait été créée avec les plans précédents.

Reste ces interrogations lancinantes qui se pose avec de plus en plus d’insistance : à part recycler avec talent des genres cinématographiques dépassés ou à bout de souffle (chambars, westerns, polars, blacksploitation,…), Quentin a-t-il quelque chose à dire au Cinéma ? Je sais pas, un message, un propos, un argument, une vague idée qui vienne de lui, et pas des autres ? Est-il vraiment un cinéaste à part entière, ou seulement un cinéphage régurgiteur ? Une fois tous les genres et toutes les époques revisitées et mixées ensemble (il reste en gros les films muets, la science-fiction, les pornos et les comédies sentimentales), aura-t-il encore de l’inspiration ou devra-t-il prendre sa retraite ? Wait and see…



01 décembre 2003
par Ghost Dog




kung fu ? chambara ? wu xia ? western spaghetti ? blaxploitation ? Non, Tarantino.

A la manière du style "Magnum" de Ben Stiller, Tarantino cultive son propre style, un mélange de tout ce qui est connu pour obtenir de l’unique. Et tout comme le style "Magnum" qui ne veut pas dire grand chose mais que l’on comprend dès qu’on le voit, le style Tarantino ne veut pas dire grand chose mais se reconnaît immédiatement. On pourrait l’appeler le style "frime" tout comme il pourrait s’appeler le style "pulp" mais ce serait alors trop proche du style "ferrari" déjà réducteur et démodé ;).

La frime, il la vit et l’assume avec une aisance naturelle qui le rend définitivement sympathique ou au contraire totalement antipathique. La frime fait partie intégrante de son personnage et de ses films.

Dans Kill Bill, la tempête de références et d’hommages au cinéma de genre ne vient jamais totalement manger le style Tarantino qui est à nouveau bien vivace : la présentation de personnages mystérieux, le récit découpé en rondelles, l’humour grinçant, la bouffe, l’alternance dialogues posés et action destructrice, les duels rapprochés, le montage syncopé et bien entendu la bande originale multi sources faite de classiques trop méconnus. Tout y est et c’est déjà un bonheur qui ne peut se refuser quand on aime le bonhomme.

Mais Tarantino est très gourmand, peut-être trop. En voulant rendre hommage aux énormes films qu’il aime tout en faisant un film bien à lui, le tout avec un budget énorme, il risque fort d’oublier des choses en route, un scénario décent en tête suivi de près de la motivation du spectateur. Au rayon déception donc, inutile de s’étendre plus encore sur le convenu de l'histoire, un mélange des brillantes critiques présentes sur ces deux pages donne un condensé adéquat (il vous en prie). Juste une ou deux choses sur le gros morceau : l’action. Après un combat d’ouverture de très bonne facture, après les origines de Shin-O-Rei inspirées des mangas et du coup de crayon de Bill Plympton elles aussi alléchantes, le massacre de la maison de thé affiche peu à peu pas mal de faiblesses qui érodent sensiblement la fameuse motivation du spectateur. Quant au duel final, joli mais beaucoup trop contemplatif et déjà vu ailleurs, il plombe violemment une fin qui laisse un goût amer prononcé bien au delà de l’attente d’une suite. Outre les faiblesses de découpage chorégraphique, outre le soutien de Yuen woo ping et l’entraînement intensif des stars aux arts martiaux, Uma Thurman et Lucy Liu, excellentes actrices en passant, ne peuvent offrir le dixième de performance d’un véritable artiste martial et cela finit par se sentir terriblement. Plus on avance, plus l’ennui se fait sentir, plus on craint pour la suite qui n’aurait peut-être jamais dû exister. A voir.

Et pour terminer sur un point pas assez encensé : la bande sonore est une pure merveille succulente (concoctée avec RZA du Wu Tang Clan, quelle coïncidence..). Les sons de percussions, de frappe, de sabre et d’ambiance tirés de tous les films d'exploit. cultes, connus ou non sont un régal qui participe largement au spectacle.



11 mars 2004
par drélium




Canadadry ?

On y reviendra plus en détails lors de la sortie du volume 2 mais :

- Ce volume 1 a trop de longueurs, on sent que la durée a été arrangée pour pondre des films de plus de 1h30, résultat ça manque de rythme et étant donné que ce n'est pas du côté du scénario ou des dialogues que ça se passe mais de l'action, et bien ça "plombe" un peu le spectacle.

- L'action justement, qui est l'argument principal de ce Kill Bill, où on voit bien que Yuen Woo Ping n'a été que conseiller sur le film : dans l'ensemble c'est vraiment pas trés bien cadré et monté, pas trés lisible et, encore, manque de rythme. Heureusement que la bande son est rythmée elle. Tarantino n'est pas, sur ce coup, un grand directeur de scène d'action. De plus la comparaison avec les "citations" (modèles/hommages/K7 de la chambre à Quantin etc...) n'est pas à l'avantage, sur ce terrain, de Kill Bill. Action passable.

- Hémoglobine : ben y'en a dans Kill Bill, ouais... La scène de combat dans Zatoichi de Kitano, celle du tripot complètement gratuite et qui surprend le spectateur, est plus "jouissive" que les hectolitres de sang du film de Tarantino, ça tient à la "structure narrative", sans doute...

- Kill bill : Parodie ou Hommage ? En tant que parodie du cinéma bis asiatique on préfère les vrais nanares, beaucoup plus hilarants. En tant qu'hommage aux séries B asiatiques on préfère les originaux, beaucoup moins parodiques.

Bon, pour ce qui est des questions "morales" ("copiage" ou hommage, le cas Miramax et le cinoche asiatique, le budget "faramineux" au regard des références cinoches de Kill Bill...) on verra aussi avec le volume 2.



27 novembre 2003
par Astec




Un Tarantino qui fait très mal...

Un Tarantino dans tous les sens du terme. D'un coté une réalisation variée, surprenante et très réussie et de l'autre une violence plus qu'exagérée.

Coté réalisation, ce film est un vrai petit chef-d’œuvre. Les scènes s'enchaînent avec des effets toujours différents. Des chapitres qui ne sont pas dans un ordre chronologique ou des scènes animées et le tout accompagnée d'une musique toujours aussi bien appropriée. L'effet de filmer des scènes d'intérieur du haut apporte également une perspective très intéressante. On obtient de cette manière une très bonne vue d'ensemble des pièces et on se sent un peu face à un jeu vidéo.

Coté scénario, je resterai bien plus réservé. Les films de Tarantino sont toujours assez violents et Kill Bill n'échappe pas à la règle. Bien au contraire, le sang fuse et coule à flot, les membres sont coupés à tout va et dans des proportions démesurées. En plus je trouve que la chorégraphie des combats n'est pas non plus trop trop poussée. Dommage...



18 avril 2004
par ==^..^==


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